Et si finalement, l’éducation positive manquait cruellement de bienveillance?

Décryptage de l'éducation positive : bienveillance ou dérive ? Cette approche sans limites soulève des interrogations sur la montée de l'agressivité chez les jeunes.

Et si finalement, l’éducation positive manquait cruellement de bienveillance?

L’éducation de nos enfants est depuis toujours au cœur des débats. Au-delà même de répondre à leurs différents besoins fondamentaux, il est primordial, en tant que parents, d’assurer certaines autres missions. Véritable “formateur” à domicile, chaque parent a comme devoir de transmettre à son enfant une connaissance intellectuelle, culturelle et morale. Et par là même, lui apprendre des règles de vie, la différence entre le bien et le mal, certaines obligations comme la politesse ou le respect d’autrui (...). Tout ceci, dans le but de les préparer à vivre de manière autonome et respectueuse dans la société. 

 

L'avènement du concept de l'éducation positive (ou aussi "parentalité positive")

De nombreux thérapeutes prônent, depuis quelques années, l’intérêt de pratiquer une éducation positive. Définie comme un véritable “levier d’amour”, cette bienveillance éducative met en exergue l’importance de la compréhension émotionnelle des enfants, sous toutes ses formes, ainsi que la justification de leurs comportements par une raison exogène “ce n’est pas sa faute”, “ce n’est pas volontaire”  “il a juste besoin d’affection”.

Tout en préconisant de ne plus leur donner de limites.   

 

Autrement dit : 

  • “Un enfant lève la main sur vous ?  = Il tente d’attirer votre attention”. 
  • “Il fait un caprice ? = C’est votre faute, vous ne lui montrez pas assez que vous l’aimez”. 
  • “Il est irrespectueux envers son professeur ? = Il est surement HPI non détecté ou encore hyperactif”. 

 

Selon ces mêmes thérapeutes, les enfants ne sont capables d’aucune agressivité et leurs comportements (quels qu’ils soient) traduisent uniquement une volonté d’obtenir davantage d’amour, en nous “partageant leur tempête émotionnelle avec générosité”.

Comme si, depuis la nuit des temps, les modèles éducatifs dispensés jusqu’alors, n’étaient finalement qu’un reflet de la vision pervertie des adultes, et non envisagé sous le prisme angélique de nos chérubins. 

éducation positive pour ou contre

 

Selon Isabelle Filliozat, figure emblématique de ce courant : « Il ne faut pas croire ceux qui disent qu’il faut mettre des limites aux enfants : ça éteint leur joie. Si l’on met une limite, notre propre système de stress est activé. En face, on enclenche le même système de stress. Immobilisme, fuite, figement. » 

Pour tenter de justifier cette pédagogie, ces thérapeutes ou coachs parentaux, se servent des neurosciences pour démontrer les impacts positifs d’une éducation bienveillante. En effet, de nombreuses recherches ont pu démontrer que les violences faites sur des enfants ou encore les situations de stress sont préjudiciables pour leur cerveau et donc pour leur développement.  

 

Les dérives de l'éducation positive 

Il serait temps de s'interroger, nous aussi, sur les dérives de cette éducation positive, car je vous avoue m'interroger sur le fait que poser des limites à un enfant constitue une forme de violence ou de stress ! Bien entendu, frustrer un enfant, lui dire non, ou le reprendre sur son positionnement, implique de lui faire vivre des émotions désagréables. Néanmoins, nous pouvons accompagner l’enfant dans l’expression de son émotion désagréable, lui montrer que nous le comprenons, qu’il a le droit d'être en désaccord tout en maintenant notre action éducative. 

L’éducation positive encourage les parents à ne plus punir leurs enfants. À la place, ces thérapeutes proposent de ne relever que le positif et de mettre l’accent sur ce que l’enfant a fait de bien. Autrement dit, si votre petit Jacques a décidé de couper les cheveux de sa petite sœur de façon asymétrique, car il trouvait cela drôle de la faire enrager, veillez à encourager son esprit artistique et félicitez-le d’avoir possiblement trouvé sa voie professionnelle  ! Ne voyez surtout pas dans cet acte une volonté de domination de sa sœur, ni une quelconque manifestation d’agressivité ! 

éducation positive pour ou contre

 

Peu à peu, la société installe ce modèle éducatif comme une norme, au point que les punitions, le time-out, et les remontrances soient devenus tabous devant les portails des écoles. Et tout cela,  sans en connaître les véritables impacts à plus ou moins longs termes. 

 

Quelques années plus tard : les constast de l'éducation positive ! 

 

  • La montée de l’agressivité chez nos jeunes,
  • l’absence de conscience du bien et du mal perçu au travers de faits divers dramatiques,
  • l’augmentation croissante des situations de harcèlement
  • ou encore le manque de respect face aux professeurs (entre autres)

Tous ces constast tendent à prouver que l’absence de limite donnée dans l’éducation dites “positive” n’est pas si bienveillante que cela !  

 

Il est à noter que pour de nombreux psychologues :

“Repères et interdits sont nécessaires au développement de l’enfant. Ne pas les lui donner, c’est l’exposer à de graves difficultés.”

 

 

parentalité positive éducation pour ou contre

 

L'éducation positive a-t-elle ses limites ?

En effet, ne plus donner de limite éducative aux enfants revient à les inscrire dans une démarche de toute-puissance.

Lorsqu'on est tout-puissant, on se fait justice soi-même, on suppose être meilleur ou au-dessus des autres. Alors pourquoi accepter leur autorité ou sanction?

Pourquoi respecter des règles de vie communes alors que MOI, je suis différent? (HPI, hyperactif, hypersensible…)

La porte est ouverte à tout ce qui fait la différente ou plutôt la singularité d'un individu. Et comme nous sommes tous différents, l'argumentaire semble alors imparable pour un jeune. 

Lorsqu'un individu grandit sans limites, ou avec des limites systématiquement assouplies après cinq minutes de débat avec ses parents, il est condamné à l'âge adulte à reproduire ce modèle. Le terme de condamné n'est pas mal choisi, car dorénavant cet adulte devra "négocier" sa toute-puissance avec la société toute entière et ensuite parce qu'il s'agit bien d'une peine ou châtiment imposé. Sans limites, le simple fait de se retenir ou même de différer ses pulsions n’est pas envisageable, puisque dénué de sens.

 

À l’heure où la notion de consentement fait défaut dans notre société, vous avouerez que cette manière d’éduquer nos enfants soulève de nombreuses questions.   

 

 

Il est urgent de nous interroger :

Comment un enfant à qui on ne dit jamais “concrètement non” au sein de son foyer, à qui on excuse tout, sous prétexte d’un besoin d’épanchement émotionnel vital, serait-il capable d’accepter, de respecter une réponse négative provenant de l’extérieur ? 

 

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